Doux rêveur
Je n'ai pris le temps de penser à rien, pas même à ma famille, à mes amis, à toutes ces choses qui me rattachent au monde réel, et inévitablement, au passé. Je suis sorti, je suis parti, je me suis sauvé pourrait-on dire. J’ai fui, lâchement ou courageusement, tout ce que j’éprouvais avant. J’ai renié, avec bonté ou par cruauté, tout ce en quoi je croyais. De ma lame invisible j’ai tranché tous les liens, des plus résistants aux plus minces d’entre eux, qui m’unissaient à ce que j’étais avant.
Puis j’ai marché…
Je n’avais rien à la main, qu’une valise de cuir que j’avais trouvé dans un quai de gare désert, un dimanche soir. Je n’avais rien sur le dos, qu’un vieux bout de tissu délavé qui n’appartenait à personne.
Je marchais…
Sous la lumière haletante de ma nouvelle vie, je parcourais, lieues après lieues, tous les pas qui me séparaient de l’au-delà, de « l’autre côté », dont j’ignorais tout, jusqu’à l’existence même. Qu’allais-je y trouver ? Le vide, un abyme sans fond ? un monde ? …rien ?
Mais peu m’importait, je marchais…encore.
Puis comme si cela fût d’une simplicité enfantine, je la vis arriver. Elle qui se détachait nettement de l’horizon vide et jaune. Elle qui dressait sa banale forme au-dessus de mon inconscience, comme un phare guidant les marins une nuit sans lune.
Pas une fois je ne réfléchis, pas une fois j’essayai de comprendre ou de prévoir, d’analyser, de chercher. Tous ces réflexes maintenant banni de ma personne, comme de vieux vestiges d’une ruine cent fois millénaire, étendant ses souvenirs si loin qu’il n’e restait rien … rien du tout.
Puis j’arrivai devant. Petite porte de bois léger, fine construction d’un autre temps, je posai ma valise de cuir à mes pieds, sur le sable chaud. Je portai la main, doucement, presque comme un automatisme, vers la poignée de la porte. J’entrai.
Poussant du pied la lanterne brisée qui se trouvait à terre, je m’asseyais sur le tabouret, devant la petite table. Portant à mes lèvres la tasse encore fumante d’un doux breuvage épicé, je m’aperçus alors que la nuit était tombée. Au dehors, tout avait revêtu son beau manteau sombre, et s’inclinait maintenant sous la voûte du ciel noir et profond. Je n’étais pas oppressé, je n’étais pas inquiet. J’étais. Tout simplement. Heureux ? Je n’aurai su le dire. Calme ? Sans aucun doute. Mais plus que cela. La torpeur qui m’envahissait peu à peu, se glissant jusque dans les tréfonds de mon âme, m’enveloppait, me portait, me saupoudrait de sa délicieuse présence.
Allongé sur le lit de plume, le cœur battant et l’âme légère, je tournai lentement la tête vers la petite ouverture carré qui perçait timidement le mur. Je la vis. Comme une lueur claire et vive, comme un phare dans l’océan, elle m’appelait, m’attirait vers elle et je me sentais prêt à la suivre. Mon étoile. La seule et l’unique dans le ciel, la seule et l’unique sur cette terre, la seule et l’unique à mes yeux. Me laissant doucement plonger dans l’enveloppe feutrée, je fermai les yeux, calmement, comme si l’éternité ne serait pas de trop pour apprécier toute la douceur de ce geste. L’image de l’étoile perdura et s’intensifia dans mon esprit, m’irradiant de sa beauté pure. Alors, je le sus … j’avais trouvé mon monde…
12/05/06 le soir...
Pour MOI ouais! je me l'approprie, à moi à moi, my precccciiiiouuuuussssssssss :D