Grenier de Thorondor
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chhhhut faut pas reveiller les Méchants !
 
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 Comme dans mon rêve

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Nayla
Chef Bulle
Nayla


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Comme dans mon rêve Empty
MessageSujet: Comme dans mon rêve   Comme dans mon rêve EmptyDim 8 Jan - 2:53

Dans mon rêve, je voguais à bord d’un bateau blanc. Porté doucement par une mer d’huile, j’avançais sans le moindre petit souffle de vent pour m’y aider. Tout avait l’air si irréel, si magique et pourtant…j’avais comme l’impression que chaque chose était bien présente dans cet univers, que je m’y trouvais réellement .La nuit brillait de mille étoiles resplendissantes, illuminant les cieux de leur chaude lumière dorée. J’étais bien, si reposé et tranquille. Ce n’était pas comme la journée, oui, je préférais la nuit. Surtout cette nuit-là d’ailleurs, car ce rêve me donnait l’impression d’être vécu, plus réellement que tous les autres. Alors que le jour…le jour…

***

Je poussai un cri démentiel issu du fond de mon être, m’arrachant la gorge pour exprimer toute ma haine. L’ivresse de la bataille me gagnait alors, et toute pensée, toute logique s’arrêtait à cet instant précis. Tout le monde m’était ennemi, le seul but qui occupait mon esprit était celui de tuer ! Tuer toute personne qui se trouvait dans le camp ennemi ! On nous l’avait tellement répété que c’était devenu dans nos têtes comme quelque chose d’évident, d’inéluctable.
« Tuez ! Tuez si vous avez la force et la volonté de vivre ! Tuez si vous voulez être des hommes, ou alors vous serez tués ! Tuer ou être tués…à vous de choisir ».



Tout le monde m’était ennemi, le seul but qui occupait mon
esprit était celui de tuer !

Évidemment le choix n’avait pas lieu. Aucun homme n’avait pris le temps de réfléchir, et j’étais comme eux. Alors je fonçais, tête baissée et poings serrés sur le manche de ma hache. J’allais encore fracasser des crânes, couper des jambes et des bras, répandre le sang. Mais j’étais immunisé contre cette horreur permanente, qui terrifierait n’importe quelle âme censée … d’ailleurs je n’étais plus censé depuis longtemps. Si je l’étais resté un tant soit peu, je serais parti vers des contrées plus paisibles, j’aurais fui toute cette horreur. Mais maintenant que j’y étais, je ne voyais aucune échappatoire possible. J’avais trouvé ma place dans l’armée, et elle m’avait adoptée. Elle était toute ma vie et ma seule famille, mes parents étant tous deux morts. Je m’étais alors engagé très jeune, par désespoir, car ils me promettaient une vie héroïque, à combattre des hordes de barbares sanguinolents, qui ne savaient pas tirer à l’arc ni manier une hache mieux qu’un gamin de dix ans. Bien sûr tout cela était faux, et ceux que nous combattions n’étaient pas plus mauvais que nous, au contraire. Ils avaient eux aussi une femme et des enfants à nourrir. J’en avais marre de voler des vies qui auraient pu être meilleures, des gens qui auraient aimé vivre pleinement, tranquillement. Et pourtant, j’étais là, à les tuer, les massacrer, les faire souffrir mille peines. Quelle horreur !

***

Le silence était pesant et m’enveloppait de son manteau oppressant. Mais pour une fois, il ne signifiait pas la même chose, non, celui-ci signifiait l’apaisement…le repos total, la fin de toute chose et le calme que plus rien ne viendra troubler. Quelle sérénité ! Je me laissais porter au rythme des minuscules langues de vagues qui venaient résonner contre la coque de bois, produisant un bruit monotone, apaisant. Je m’assis. Tout cela était tellement réel. Je sentais la consistance bien connue du bois qui pliait sous mon poids, la fraîcheur de l’eau, et les fines gouttelettes de brume qui s’en échappaient, et recouvraient toute l’étendue liquide. La visibilité était donc nulle, et cela participait à l’ambiance mirifique qui régnait ici. Le silence, la nuit, le calme, la brume…tout cela m’attirait, m’envoûtait…oui, j’étais envoûté. Une vie calme, sans guerre…comme j’en avais envie.

***

Je courus et fonçai sur le premier ennemi que je vis. Celui-ci me tournait le dos et je n’eus aucune difficulté à y enfoncer ma hache. Mais un second arriva par derrière en poussant un cri dément, ce qui me sauva la vie car j’eus juste le temps de parer son coup avec mon bouclier. Il ne s’y attendait pas et je pus lui fendre le ventre sans problème. Je me repris une seconde, le temps d’essayer d’y voir plus clair, ce que je savais bien impossible. Alors, je repérai un autre ennemi, puis le tuai. J’avais toujours été un excellent homme d’arme et pas une fois je n’avais été blessé dans une bataille. On pouvait mettre ça sur le compte de la chance, bien sûr, mais moi, cela m’importait peu. Je savais bien qu’un jour la mort me prendrait, et cela, je l’acceptais sans aucune difficulté.

***

Je décidai d’en découvrir plus sur ce monde. Puisque tout avait l’air réel, peut-être m’était-il possible d’y faire ce que je souhaitais. J’avais envie de toucher l’eau, de crier même, pour savoir si quelqu’un pouvait m’entendre. Cet univers aurait pu paraître affreusement inquiétant et pourtant, j’y étais à mon aise…seul…tranquille.

***

Je tuai, arrachai, fendis, pris dans la fureur de la guerre qui m’avait envahie, submergée, qui me dominait. Mais aujourd’hui était un jour spécial, je le sentais, un jour différent des autres. Je ne retrouvais plus les mêmes sensations que dans les précédentes batailles. Au fur et à mesure que le temps avançait, je me sentais moins sûr, j’avais plus de mal à me battre. Peut-être était-ce dû à ce rêve, ce rêve si étrange…

***

Je me levai, droit dans le bateau blanc. Je me sentais grand, unique, et tellement bien. La voile blanche n’était effleurée par aucun souffle, et pourtant, j’avais la nette impression d’avancer. Je parcourais la très faible distance qui me séparait du bord, puis, alors que j’allais me pencher, je découvris une chose incroyable, que je n’avais pas remarquée jusqu’alors : j’avais le bras coupé, sectionné. Je fus horrifié, car je ne comprenais pas d’où me venait cette blessure. Aussi absurde que cela puisse paraître, je n’en ressentais aucune douleur, et le sang n’en sortait pas. Où aurais-je bien pu me faire cette blessure ?

***

Je me forçai tout de même à combattre, appliquant à la lettre toutes les techniques que j’avais apprises durant des années d’entraînement. Pourtant, j’avais l’impression de prendre de plus en plus conscience de ce que je faisais, et j’avais honte. Tuer ces gens, les massacrer…que m’arrivait-il ? Je ne m’étais jamais posé ce genre de question et il ne le fallait pas. C’était la pire des choses pour un soldat de douter du bien fondé de ses actes. Mais je persistais dans cette voie, je ne voulais plus, je n’avais plus la force. Je voulais…je voulais…je voulais vivre mon rêve ! Oui ! Je m’en souvenais maintenant, ce calme, ce silence, cette tranquillité, c’était là que je désirai me rendre, à tout prix.

***

Une vision surnaturelle s’offrit alors à moi. Au travers de la brume, je pouvais maintenant distinguer une forme gigantesque, étrangement pâle…j’approchais d’une terre. Elle s’étendait sur tout l’horizon, et obstruait de sa masse imposante tous les endroits où le regard pouvait porter. J’étais obnubilé par cette vision fantastique que je percevais…et je compris tout.


Elle s’étendait sur tout l’horizon, et obstruait de sa masse imposante
tous les endroits où le regard pouvait porter

***

Je m’arrêtai, stoppant net mon élan, puis laissai tomber ma hache au sol. J’avais tout compris…c’était inéluctable, et cela ne me dérangeait guère, bien au contraire. Soldat abaissant toutes ses défenses, j’étais une proie facile, même pour le pire des barbares. Le coup vint de derrière et me trancha tout d’abord le bras. Je souris. Je n’avais ressenti aucune douleur, je riais presque, car je connaissais mon destin, et je l’acceptais. Bien sûr,le sang ne coulait pas. Je me retournai vers mon assaillant, juste assez tôt pour voir sa grande hache m’arriver droit dans le visage.

***

J’y arrivai enfin. Mon bateau percuta légèrement la plage de sable blanc. Je posai le pied au sol. Enfin…le repos éternel…le continent des âmes déchues…comme dans mon rêve…j’étais mort.


Théo
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